Les Ignorants et les ignorées

Quand la BD rencontre le monde du vin, les femmes disparaissent comme par magie.

En 2008, l’auteur et illustrateur Étienne Davodeau publie Lulu Femme Nue aux éditions Futuropolis. Le récit doux-amer d’une femme qui, dans la quarantaine, quitte son mari alcoolique et ses trois enfants pour s’octroyer quelques jours d’errance en bord de mer. Le récit est poignant, dur, et le personnage de Lulu rempli d’ambivalences, ce qui rend son analyse plus complexe qu’elle n’en a l’air. La violence, par exemple, occupe une place questionnable, dérangeante dans la résolution de l’intrigue. Lorsque Lulu finit par rentrer au bercail après sa parenthèse de liberté, son mari la frappe. On espère qu’elle le quitte, mais non : le couple revient sagement expliquer aux enfants que tout ceci n’était qu’une petite dispute sans conséquences, et que tout devrait finir par rentrer dans l’ordre. 

Étienne Davodeau, Lulu Femme Nue, Futuropolis, 2008, p.138.

Cette fin étonnante, inattendue, injuste, même, par rapport à l’intelligence du récit, laisse la lectrice que je suis dans un état de grande perplexité. Au fond, Lulu n’est pas si forte ; son arrachement n’était que touristique. Il n’est pas profond, et sa faiblesse de caractère déçoit. En contrepoint, il existe dans le livre des personnages féminins particulièrement forts et sensés. La fille de Lulu, Morgane, seize ans, apparaît comme un être extrêmement volontaire et construit, sur qui la moindre violence (physique, psychologique) ne peut avoir lieu : elle anticipe les coups par la parole et assène des répliques aussi sèches qu’un uppercut.

C’est donc avec ce souvenir que j’ai lu, pour la pertinence de son sujet, Les Ignorants (Futuropolis, 2011) écrit et illustré par le même auteur. Pendant un an, Étienne Davodeau observe son voisin vigneron de Rablay-sur-Layon, Richard Leroy, carnet en main. Tous deux se toisent, se suivent, se découvrent. Davodeau explorera le métier et la langue des vignerons tandis que Richard Leroy lira, sur la recommandation de son ami, des dizaines de BD, tout en suivant Davodeau dans son quotidien d’auteur. (On peut supposer que leur amitié est ancienne car une bouteille des « Noëls de Montbenault », de Richard Leroy, apparaissait déjà dans Lulu Femme Nue).

Si, au départ, tout semble les éloigner, Davodeau et Leroy réalisent que leurs métiers, et la manière de les exercer, se ressemblent : désir de solitude, de perfection et de contrôle ; nécessité du partage et de reconnaissance des pairs ; connaissances techniques poussées, travail incessant, passionnant mais difficile, etc.

Les Ignorants est devenu une BD mythique, et ce n’est pas volé. Le projet donne un résultat magnifique. Tout en noir et blanc, la narration est délicate, et à la fin du livre, on ne veut plus quitter les personnages. Davodeau et Leroy sont devenus des amis proches, et nous, lecteurs, n’avons qu’une envie : rester le plus longtemps possible avec eux. 

Néanmoins, dès le début du livre, quelque chose m’a interpellée. Où sont les femmes ? Au cours de leur année commune d’apprentissage, nos deux comparses vont faire des dizaines de rencontres. Je me suis amusée à en dresser la liste.  

Auteurs de bande dessinée apparaissant, par ordre chronologique, dans Les Ignorants

  • le narrateur, Étienne Davodeau ;
  • l’auteur et illustrateur Jean-Pierre Gibrat ;
  • Marc-Antoine Mathieu et ses « histoires en noir et blanc un peu bizarres » (sic) ;
  • Citation des dessins de Matthieu Bonhomme (p.189) ;
  • Citation des illustrations de Lorenzo Mattoti (p.189) ;
  • Citation de Juanjo Guarnido (p.192) ;
  • Nicoby, auteur (p.195) ;
  • Citation de Guibert, Lefèvre et Lemercier, pour Le Photographe (p.204) ;
  • Emmanuel Guibert (p.205 et suivantes) ;
  • Citation de Moebius (plusieurs références, dont la p.217) ;
  • Citation d’Etienne Lécroart, membre de l’OUBAPO (p. 243 et suivantes) ;
  • Robert Saléon-Terras, aujourd’hui vigneron au Domaine Les Chemins d’Orient, Creysse (p. 252 et suivantes) ;
  • Régis Lansade, aujourd’hui vigneron au Domaine Les Chemins d’Orient, Creysse (p. 252 et suivantes).

TOTAL : 13 personnages

Vignerons apparaissant, par ordre chronologique, dans Les Ignorants

  • Richard Leroy ;
  • Bruno Rochard, vigneron naturel au Domaine de Mirebeau ;
  • Jean-François Ganevat, Hameau de la Combe, Rotalier, Jura (p.224 et suivantes) ;
  • Antoine-Marie Arena, Patrimonio, Corse (p.237) ;
  • Jean-Bapiste Arena, Patrimonio, Corse (p.240) ;
  • Robert Saléon-Terras, aujourd’hui vigneron au Domaine Les Chemins d’Orient, Creysse (p. 252 et suivantes) ;
  • Régis Lansade, aujourd’hui vigneron au Domaine Les Chemins d’Orient, Creysse (p. 252 et suivantes).

TOTAL : 7 personnages

Autres personnages masculins apparaissant, par ordre chronologique, dans Les Ignorants :

  • « Patrice » (Margotin), directeur de Futuropolis (p.118) ;
  • « Alain » (David), éditeur chez Futuropolis  (p.118) ;
  • « Nick » et « Dan », respectivement importateur et géologue Anglais (p.138) ;
  • des vendangeurs non identifiés (p.170, p. 172, p.173, p.175, p. 177, p.178) ;
  • un auteur de bande-dessinée en auto-édition, sans prénom ni nom (p.192) ;
  • un serveur (p.208).

TOTAL : 10 personnages

Femmes apparaissant, par ordre chronologique, dans Les Ignorants :

  • une dame qui travaille à l’imprimerie (p.12). Sans prénom ni nom. Sa qualité n’est pas spécifiée ;
  • Évelyne, attachée de presse chez Futuropolis (p.118) ;
  • Élise, « assistante » (p.119) ;
  • Célia, maquettiste (p.119) ;
  • une serveuse sans nom ni prénom (p.123, 124, 125, 130) ;
  • des vendangeuses non identifiées (p.170, p. 172, p.173, p.175) ;
  • mention d’ « une serveuse » p. 252, sans identité, non dessinée ;
  • mention de Sophie, femme de Richard Leroy, non dessinée (p.261).

TOTAL : 8 personnages, dont aucun n’a de nom de famille.

Sur un total de 38 personnages, 8 sont des femmes, dont quatre seulement ont un prénom.

Chart by Visualizer

Into the Wild

Dans Les Ignorants, plusieurs scènes montrent les vignerons seuls à leur tâche, seuls dans leur chai ou dans leurs vignobles, travaillant dans la noble solitude de l’artisan, comme une projection du travail d’artiste — celui de Davodeau. Or, le travail de la terre ne fonctionne pas tout à fait de la même manière. Beaucoup de vignerons travaillent avec leurs femmes et leurs enfants et ont des employé-es, mais par une sorte d’étrange coup de baguette magique, tous ces personnages n’existent pas. Le vigneron est seul. Il ne dîne pas en famille. Il ne présente pas sa femme à son copain et encore moins sa soeur. Il est celui qui, face à la nature, domine, oriente et contrôle la terre, pour en extraire le jus le plus pur qui soit. Seul.

Ce n’est qu’à la fin du livre que l’on découvre que c’est la femme de Richard Leroy, Sophie, « qui faisait des études commercialo-viticoles » et qui avait « ouvert un magasin de vins en Allemagne » (p. 261) que Leroy, ex-banquier, a pensé un jour changer de vie (pour notre plus grand bonheur). On peut donc imaginer que « Sophie » a participé et s’active encore vivement dans les vignes. En trois clics sur les sites spécialisés, l’information se confirme : c’est bien « Sophie » qui gère, entre autres, l’administratif et les relations avec la presse. Pourtant, c’est comme si tout ce travail de l’ombre n’existait pas. Davodeau exerce un « male gaze » de la vie sociale : la lumière se porte sur les stars, pas sur l’atelier qui permet à la star d’être une star. 

Étienne Davodeau, Les Ignorants, Futoropolis, 2011, p.261.

On aurait pu penser que c’est un oubli, un choix dramaturgique, une coquetterie. Mais cette invisibilité se répète. Au cours d’une visite chez Jean-François Ganevat, Davodeau insiste sur le fait que le vigneron du Jura est fier de ne pas avoir d’adresse email. Jamais, dans le récit, il n’est fait question de la soeur de Ganevat, Anne, qui travaille avec lui depuis 1998 et a fait entrer ses chardonnays dans les grands vins de terroir. Où est Anne ? Nulle part. Jean-François Ganevat est présenté comme le génie solitaire, celui qui déteste voyager et qui adore rester isolé du reste du monde. (Et s’il n’a pas d’email, en trois clics, on découvre qu’Anne, elle, reste facilement joignable…).

Étienne Davodeau, Les Ignorants, Futoropolis, 2011, p.232.

L’invisiblisation des femmes n’est pas un détail, ni dans la profession, ni dans la vie sociale, ni dans l’espace littéraire, médiatique, artistique. Dans des lieux particulièrement masculins comme la BD et le vin, elle éclate au grand jour. Pour bien comprendre sa gravité, imaginons un projet semblable où l’on aurait inversé les genres : des femmes vont interviewer d’autres femmes, les plus illustres et douées dans leurs champs de compétences. Elles se voient, discutent, boivent un coup, s’admirent mutuellement, s’épaulent. Les hommes, eux, restent dans le coin des pièces, éventuellement à la cuisine. Lorsqu’ils apparaissent, ce sont des figures subalternes : serveurs, domestiques effacés, vendangeurs sans noms, assistants d’édition, maris-fantômes. Pendant ce temps, les femmes, elles, discutent ferme. Le fait que leurs frères, leurs maris et leurs fils fassent la comptabilité et assurent les relations avec la presse (sans oublier le ménage, la cuisine, ou vont chercher les enfants à l’école) n’a aucune importance. Pourquoi ? 

Pour que leur femme soit seule.

Pour que leur femme soit bien.

Pour que leur femme domine la vigne dans la liberté nécessaire à la compréhension du sol, des terroirs et de son expression. 

Pour que leur femme dessine jour et nuit dans un atelier sans être dérangée.

Étienne Davodeau, Les Ignorants, Futoropolis, 2011, p.213. Une image typique de l »homme seul ».

Cette invisibilité est d’autant plus étonnante qu’Étienne Davodeau a participé à de nombreux ouvrages collectifs pour la défense des opprimés, des femmes et des migrants. Tout se passe comme si, dans un contexte aussi traditionnel et ancestral que celui du vin et, accessoirement, de la bande dessinée, les réflexes patriarcaux revenaient sournoisement, sans gêne. C’est plus fort que lui. Je ne dis pas que la BD de Davodeau est dépourvue de qualités. Je pense surtout que cette idéologie, pour un artiste aussi sensible, est quasiment accidentelle. Dans Les Ignorants, le vrai problème, c’est que quelque chose de tout à fait fondamental cloche. Car qui, ici, est vraiment ignoré ?

Les meufs, mec. 

Note : Suite à la publication de cet article, une lectrice nous fait remarquer que les frères Arena, qui apparaissent à la fin de l’album, sont illustrés de nouveau de manière exclusive : nulle trace de Marie, la mère des enfants, qui a oeuvré au domaine, ou des épouses des frères. Quand on pense que leur domaine est implanté en Corse à « Patrimonio », c’est cadeau.

Sur la plupart des sites qui présentent le domaine Arena, il est question de transmission de « père en fils ». (p.239)

Note 2 : Merci à Laurent Le Coustumer, l’homme invisible, pour son aide précieuse au cours de la rédaction de cet article.

6 réponses sur « Les Ignorants et les ignorées »

Petite correction qui peut avoir une (relative) importance, Anne Ganevat n’a rejoint son frère au domaine qu’en 2012, notamment pour gérer les commandes et répondre aux mails. D’où son absence logique des Ignorants. Pour les autres, je n’ai pas de mot d’excuse. On ne peut pas tout savoir…

Bonjour,

On me signale votre article.
C’est une lecture très intéressante – je le dis sans ironie – de mon travail, qui, me semble t-il, appelle quelques précisions et commentaires.
Je le fais dans l’ordre chronologique de votre texte.

Vous commencez par citer brièvement Lulu femme nue pour illustrer ce que vous développez ensuite au sujet des Ignorants.
Vous écrivez « Lorsque Lulu finit par rentrer au bercail après sa parenthèse de liberté, son mari la frappe. On espère qu’elle le quitte, mais non : le couple revient sagement expliquer aux enfants que tout ceci n’était qu’une petite dispute sans conséquences, et que tout devrait finir par rentrer dans l’ordre. »
Je ne sais pas où vous avez lu qu’on expliquait « aux enfants que tout ceci n’était qu’une petite dispute sans conséquences, et que tout devrait finir par rentrer dans l’ordre. ». Ça n’est pas dans mon livre.
En revanche, j’attire votre attention sur une phrase – importante à mes yeux – de Lulu à la toute fin du récit, qui est une des clés donnant un des sens à la balade qu’elle vient d’effectuer. À son mari vaguement penaud qui espère que leur couple va « continuer comme avant », Lulu répond « Continuer, peut-être. Comme avant, sûrement pas. ». Ça, c’est dans mon livre. Ainsi, en revenant chez elle, Lulu n’est plus la femme soumise qu’elle était aux premières pages. Elle prend les choses en mains, elle reprend sa vie en mains. Elle a librement décidé de rentrer. On ne sait pas ce qui arrivera ensuite. Mais elle le fait parce que ce qu’elle a vécu tout au long du récit a fait d’elle quelqu’un autre. La vraie Lulu, j’espère. En ce sens, je revendique Lulu femme nue comme un récit féministe.

Ce qu’on retient d’une lecture tient autant à ce qu’on veut y mettre qu’à ce qui nous y est proposé. C’est sans doute ce qui rend chaque lecture unique. Venons-en aux Ignorants, et à la façon dont vous y lisez l’absence des femmes.
Vous écrivez « Beaucoup de vignerons travaillent avec leurs femmes et leurs enfants et ont des employé-es, mais par une sorte d’étrange coup de baguette magique, tous ces personnages n’existent pas. »
Il est exact que les femmes de paysans ont souvent travaillé avec leurs maris, et souvent même sans être payées ni déclarées. C’est de moins en moins le cas mais c’est un des scandales du monde agricole.
Vous ajoutez « On peut donc imaginer que « Sophie » a participé et s’active encore vivement dans les vignes ».
On imagine ce qu’on veut, mais dans le cas qui nous intéresse, pas de baguette magique, c’est simplement faux. La femme de Richard mène sa propre carrière, dans un autre domaine, et tout va bien pour elle, merci. Je vous confirme néanmoins que ces dernières années elle donne un sérieux coup de main à son mec pour l’administratif (mais pas vraiment à l’époque des Ignorants, désolé).
Quant au fait qu’elle s’occupe des « relations avec la presse », vous nous l’apprenez, à elle et moi.
Enfin, pour voir les employé-es qui « n’existent pas », je vous invite à (re)lire par exemple le chapitre consacré aux vendanges (où travaillent des gens des deux sexes, tiens, d’ailleurs).

Vous écrivez ensuite « L’invisibilisation des femmes n’est pas un détail, ni dans la profession, ni dans la vie sociale, ni dans l’espace littéraire, médiatique, artistique. Dans des lieux particulièrement masculins comme la BD et le vin, elle éclate au grand jour. ».
Je partage votre point de vue.
En réalisant ce livre, je cherchais à mettre en évidence les parallèles qui peuvent exister entre ces deux domaines. Et, c’est un fait, ce sont deux univers encore très masculins. Ce qui est vrai aussi, c’est que c’est en train de changer très vite. Les femmes sont de plus en plus présentes dans la bande dessinée et dans le vin. De mon point de vue, faut-il le préciser, c’est une très bonne nouvelle.
Le terme d' »invisibilisation » que vous utilisez sous-entend pourtant que je chercherais à dissimuler cette présence déjà minoritaire.
Les ignorants comporte 21,1 % % de personnages féminins, c’est vous qui me l’apprenez.
Pinaillons : Un rapide coup d’œil sur Wikipedia m’annonce que les femmes sont présentes à la hauteur de 12 % dans la bande dessinée. Dans le vin, je ne sais pas. Mais, si nous devons accorder de l’importance à ces histoires de pourcentages, vous et moi conviendrons qu’au moins pour la bande dessinée, avec 21,1 % de présence dans mes pages, je ne les sous-représente pas.

Dans les commentaires, un de vos lecteurs relève votre approximation sur Jean-François Ganevat. Approximation sans grande importance si ce n’est qu’elle illustre ce qui nous guette tous et que j’évoquais plus haut : on laisse parfois ce qu’on présuppose altérer les faits qui nous sont racontés.

Plus généralement, c’est pour une raison très simple que je n’évoque pas la vie privée de Richard dans Les ignorants, ou que je ne le dessine pas « dînant en famille »: ça n’est pas mon sujet et ça ne nous/vous regarde pas.
Je décide souverainement des sujets de mes livres (qui sont, je vous le confirme, écrits et dessinés de mon point de vue, tout à fait subjectif et revendiqué tel).
Le sujet des Ignorants peut être ainsi résumé : Pour qui et pourquoi faisons- nous des livres/du vin ?
Il y a dix ans, dans Rural !, j’ai raconté la vie d’une exploitation agricole qui passait au bio. Toute une aventure à l’époque. Et déjà, on m’avait reproché de ne pas représenter les compagnes des trois paysans trimant fidèlement près de leurs maris. Il se trouve qu’elles aussi menaient leurs carrières ailleurs.

Quoi qu’il en soit, je vous remercie de votre lecture. Nos livres sont des objets de débats, ça me va bien.
Je vais maintenant partir à la découverte de votre blog.
Amicalement,

Étienne Davodeau

PS : « Patrimonio », bien vu !

Merci d’avoir pris la peine de répondre point par point. Je pense comme vous qu’en tant qu’artiste, nous décidons souverainement des sujets de nos oeuvres. Et heureusement qu’elles sont produites, comme vous le dites, « subjectivement et revendiquées comme tel ». Il m’est souvent arrivé de recevoir des critiques difficiles sur mes écrits les plus personnels. C’est toujours une claque, car la mise à nu qu’exige l’introspection rend aussi plus vulnérable.

« Les Ignorants » est une plongée intimiste dans la vie du narrateur et de ceux qu’il admire. C’est aussi pour cela que les personnages sont attachants. C’est ce qui fait la force du livre. Or, dans ces métiers, vignerons, illustrateurs, écrivains, il n’y a pas beaucoup de frontières entre le travail et ce que vous appelez « la vie privée ». On voit d’ailleurs Richard Leroy avec son petit garçon sur les épaules, à la fin de votre album. Le fait d’avoir écarté les femmes, épouses, soeurs, filles qui travaillent avec les vignerons est certes un choix narratologique réfléchi (et vous avez en effet, comme vous le mentionnez, tous les droits) mais en tant que lectrice, féministe et auteure, cela peut aussi être questionnable. Cela ne m’a pas empêché de trouver votre livre à la fois instructif et gracieux.

Je continue à admirer votre travail et resterai attentive à vos futures publications.

Amitiés,
Marie-Eve

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Pruine : nom féminin. Fine pellicule cireuse, naturelle, à la surface de certains fruits (prune, raisin) et champignons. Permet la vinification en absorbant quantité de levures et moisissures utiles à la fermentation.